
Le Tribunal arbitral du sport (TAS) a-t-il porté un coup fatal aux ambitions politiques de Michel Platini? Vendredi 11 décembre, les juges de Lausanne (Suisse) ont confirmé la suspension provisoire de 90 jours infligée, le 8 octobre, au patron de l’Union des associations européennes de football (UEFA) par le comité d’éthique de la Fédération internationale de football (FIFA). « Le Tribunal Arbitral du Sport (TAS) a partiellement admis la requête de mesures provisionnelles déposée par Michel Platini demandant que sa suspension provisoire de toute activité liée au football pendant une durée de 90 jours au niveau national et international soit levée jusqu’à ce qu’une décision finale sur le fond du litige soit rendue par la Commission d’Ethique de la FIFA », indique la juridiction.
Cependant, le TAS a « considéré que la situation ne serait plus la même si la FIFA venait à prolonger la suspension provisoire pour une durée pouvant aller jusqu’à quarante-cinq jours. Car cela causerait un dommage irréparable ».
A la vérité, le Tribunal arbitral a prononcé une décision « mi-chèvre mi-chou » laissant, en principe, la possibilité à Michel Platini de se présenter à la tête de la FIFA. En effet, la suspension provisoire devrait prendre fin le 5 janvier.
La suspension provisoire gèle la candidature du Français à la présidence de la FIFA, dont l’élection est prévue le 26 février 2016. Cette sanction faisait suite au versement de 2 millions de francs suisses (1,8 million d’euros) effectué en février 2011 par le patron de la FIFA Joseph Blatter à l’ex-capitaine des Bleus.
Selon le ministère public de la Confédération helvétique, qui a ouvert un enquête pénale à l’encontre du patron démissionnaire du foot mondial, ce« paiement déloyal » a été «prétendument » effectué pour des travaux réalisés par l’ex-numéro 10 des Tricolores, alors qu’il officiait, de 1998 à 2002, comme « conseiller technique » de Joseph Blatter. Avant l’audition de M. Platini par le TAS, mardi 8 décembre, le Journal du Dimanche avait divulgué une note de service interne à l’UEFA, datant de novembre 1998, dans laquelle le Français est qualifié de futur « directeur des sports de la FIFA ». « On entend parler d’un salaire d’un million de francs suisses », est-il écrit dans le document, dont l’ex-secrétaire général de l’UEFA Gerhard Aigner a mis en doute l’existence. Un document qui a pourtant été mis en avant par le clan Platini, comme élément à décharge.
« Violence invraisemblable »
« Même si elle accueille partiellement la demande de Michel Platini , la décision d’aujourd’hui est pour moi difficle déchiffrer. Comment un tribunal indépendant et impartial a pu privilégier la procédure FIFA qui n’est qu’une mascarade, plutôt que le droit et la justice qui sont évidemment du côté de Michel Platini ? a réagi auprès du Monde Thomas Clay, professeur de droit et membre de l’équipe de défense de Michel Platini. Cela ressort de la décision qui demande en même temps que la procédure FIFA ne se prolonge pas. Tout le monde sait que c’est un honnête homme, mais certains veulent à tout prix l’attirer dans le marigot de ceux qui n’ont pas les mêmes qualités, uniquement pour l’empêcher de parvenir à la présidence de la FIFA . »
Membre de la chambre d’investigation de la FIFA, la Trinidadienne Vanessa Allard avait requis, le 23 novembre, une radiation à vie à l’encontre de Michel Platini, poursuivi pour « falsification des comptes, gestion déloyale et conflit d’intérêts. ».
Michel Platini est censé être entendu, le 18 décembre, par le magistrat allemand Hans-Joachim Eckert, président de la chambre de jugement du comité d’éthique. Soit le lendemain de l’audition de Joseph Blatter, qui encourt la même sanction. La chambre de jugement devrait rendre sa décision finale « avant Noël. »
L’ex-meneur de jeu espérait disposer, samedi 12 décembre, d’une tribune médiatique privilégiée en officiant comme maître de cérémonie du tirage au sort de l’Euro 2016, organisé au Palais des Congrès à Paris. Las. « Le comité d’éthique veut frapper lourdement pour ne plus entendre parler de Blatter et Platini et que la FIFA retrouve de la crébilité », analyse un observateur avisé de l’instance mondiale. « Il sera de nouveau suspendu avant Noël. Il n’a plus aucune chance d’être candidat au regard du calendrier», dit-on aux portes de la FIFA.
Pour le patron de l’UEFA, le temps presse. M. Platini a jusqu’au 26 janvier, soit un mois avant le scrutin, pour faire valider sa candidature par le responsable du comité électoral de la FIFA, Domenico Scala. Il doit donc être blanchi définitivement sur le fond par le TAS avant cette date butoir s’il veut conserver l’espoir de briguer la magistrature suprême. (Le Monde)