
Il y a eu le drame national de 1950 au Maracana, il y aura désormais celui de Belo Horizonte en 2014. Pour sa deuxième Coupe du monde organisée à domicile, le Brésil a de nouveau essuyé une cuisante désillusion. Amorphe, la Seleçao a chuté sur un score sans appel face à l'Allemagne (7-1), mardi, dans la capitale du Minas Gerais, en demi-finales du Mondial 2014.
Victime d'une faillite mentale et collective, la Seleçao n'aura donc pas su se remettre du forfait de son prodige Neymar, absent ce soir en raison d'une vertèbre fracturée lors du quart de finale contre la Colombie (2-1). Ni de la suspension de Thiago Silva, son défenseur central, qui a assisté, impuissant, au triomphe de la Nationalmannschaft. L'Allemagne affrontera en finale, dimanche 13 juillet, le vainqueur du match Pays-Bas - Argentine.
Drame national
Peu importe ce qu’il se passera dimanche soir à Rio, lors de la finale: de cette Coupe du monde, on ne retiendra rien d’autre. Dans 50 ans, les livres d’Histoire ne parleront que de «l’humiliation du siècle», du «tremblement de terre de Belo Horizonte», de cette soirée où le Brésil a implosé dans sa propre Coupe du monde (1-7), de ces 90 minutes où l’Allemagne a détruit sans la moindre compassion le rêve de tout un peuple.
Comme sidéré, éberlué, il a regardé le ciel tomber sur la tête de son équipe. L'absence de Neymar peut éventuellement expliquer la faiblesse technique de la Seleçao, elle ne justifie certainement pas à elle seule un tel cataclysme. La gifle est de toute façon bien trop violente pour être excusée, et encore moins pardonnée. Les semaines à venir vont être terribles pour ceux qui étaient considérés jusqu’à ce 8 juillet comme des dieux vivants. Hier soir, ils étaient plus en face.
Cette équipe d’Allemagne, on la disait moins flamboyante mais plus complète. Elle en a fait hier soir une démonstration hallucinante. Avant même la demi-heure de jeu, elle déjà avait marqué cinq fois, dont une fois par Klose, nouveau meilleur buteur de la Coupe du Monde. Sur corner, par des actions construites, après des ballons récupérés au pressing, le Mannschaft aura tout fait… On n’ira pas jusqu’à dire comme à l’entraînement, ce serait manquer de respect aux plots de la Fédération allemande, probablement plus efficaces que la défense brésilienne mardi soir.
Au bout du septième, une frappe sublime de Schürrle dans la lucarne, l’impensable a tourné au surréaliste. Debout pour applaudir leur adversaire, le si chauvin public brésilien a ponctué par des «Olé» chacune des passes allemandes pendant cinq minutes.
L’affront ultime. Le Brésil voulait grâce à cette Coupe du monde effacer le douloureux souvenir du «Maracanazo», cette défaite face à l’Uruguay qui l’avait privé du titre lors du dernier Mondial organisé chez lui, en 1950. Ce traumatisme ne le hante désormais plus. Il a laissé la place à un nouveau, bien plus profond.