Hier, pour la 8e fois, les opposants à la Loi Travail se sont réunis dans les rues de France pour exiger le retrait du texte, et les écarts de comptage continuent de s’opposer : 153 000 manifestants selon les forces de l’ordre et près de 300 000 selon la CGT. Des violences ont encore un fois éclaté dans plusieurs villes de France. A Paris, plusieurs casseurs se sont attaqués à la vitrine d'une concession automobile, d'autres s'en sont pris à une station autolib. A Paris toujours, un manifestant a été conduit à l’hôpital après avoir été grièvement blessé à l’issue de la anifestation. L’IGPN a d’ailleurs été saisi pour mener une enquête. A Caen, un nouveau cas de violence policière a été filmé: un manifestant a été roué de coups par un policier, mais la police invoque un cas de « légitime défense ». Au total, 77 personnes ont été interpellées et 15 policiers et gendarmes ont été blessés.
Voici le point des mobilisations de ce jeudi 26 mai 2016 contre le projet de loi travail, par les différents bureaux de l'AFP.
NORD
A Lille, 2.100 (préfecture) à 10.000 personnes (organisateurs) ont défilé sous le soleil, les pétards, fumigènes, percussions et slogans appelant à la grève générale.
Des manifestations ont aussi eu lieu à Valenciennes, Calais, Dunkerque et Amiens. Des barrages filtrants avaient été montés plus tôt devant les centrales de Gravelines (levés dans la matinée) et Nogent-sur-Seine, ainsi que sur l'A25 près de Lille, entraînant des embouteillages importants.
OUEST
A Nantes, 2.500 personnes ont défilé dans le calme, tandis qu'au moins 1.300 autres ont pris part à une manifestation interdite par le préfet, selon les autorités. Lors de celle-ci, les forces de l'ordre ont répondu à des jets de projectile par des grenades lacrymogènes et des jets de lance à eau. Au moins 6 interpellations ont eu lieu.
A Donges, la raffinerie Total était "à l'arrêt complet", selon la CGT, et le dépôt pétrolier SFDM (groupe Bolloré), à proximité, était bloqué pour la 10e journée consécutive par ses salariés.
A Saint-Nazaire, où entre 2.500 et 4.500 personnes ont été recensées, des manifestants ont investi un centre commercial, contraint de fermer ses grilles avec des clients à l'intérieur.
A Rennes, 3.500 à 8.000 personnes ont défilé derrière une banderole: "Faute de fioul, fous ta cagoule". Le trafic SNCF a été interrompu près d'une heure après une invasion des voies. Peu de bus ont circulé en raison du blocage du principal dépôt, levé dans l'après-midi.
A Caen, après un défilé de 2.000 à 7.000 personnes, les forces de l'ordre ont chargé un rassemblement sauvage en utilisant des gaz lacrymogènes et procédé à trois arrestations. Dans l'agglomération, des dockers de la Brittany Ferries barraient l'accès des camions aux bateaux à Ouistreham.
A Cherbourg, l'usine de sous-marins nucléaires du groupe DCNS a été totalement bloquée pendant plusieurs heures, avant que les accès soient dégagés.
La préfecture de Seine-Maritime a recensé 3.300 manifestants à Rouen et 7.400 au Havre, contre 30.000 selon les organisateurs dans la cité portuaire. Près de là, les ponts de Normandie et de Tancarville ont été bloqués durant plusieurs heures.
ILE-DE-FRANCE
A Paris, le cortège a rassemblé 18.000 à 19.000 personnes, selon les autorités, et 100.000 d'après CGT et FO. Des affrontements sporadiques ont éclaté entre policiers et manifestants cagoulés, au cours et à la fin du défilé. La préfecture de police a fait état de 36 interpellations et 9 blessés légers.
EST
A Strasbourg, entre 1.400 (police) et 2.800 personnes (CGT) ont chanté en coeur "la loi travail est une loi infâme", le défilé perturbant la circulation des voitures et du tramway.
A Besançon, environ 400 manifestants, d'après la police, se sont rassemblés devant le Medef de Franche-Comté avant de bloquer la circulation pendant environ une heure sur un axe très fréquenté.
SUD-OUEST
A La Rochelle, le siège départemental du PS a été "muré" par des opposants ayant écrit: "Aux chiottes Valls et ton 49-3, Fin à la dictature du capital".
A Bordeaux, de 3.000 à 13.000 personnes ont manifesté. Fait assez rare dans la cité girondine, la situation s'est tendue après l'interpellation d'un jeune par des policiers en civil.
A Toulouse, de 6.000 à 20.000 personnes ont défilé avant que quelques échauffourrés éclatent, conduisant à 5 interpellations selon la préfecture. Dans la matinée, des barrages filtrants avaient entraîné d'importants ralentissements sur le périphérique.
AUVERGNE-RHONE-ALPES
A Lyon, plusieurs milliers de personnes ont battu le pavé, notamment des jeunes derrière la banderole: "jeunes, on lâche rien, la rue nous appartient". Des incidents ont éclaté en marge du défilé, la préfecture faisant état de treize interpellations.
A Clermont-Ferrand, le défilé a rassemblé de 1.550 à 7.000 personnes.
Dans la Drôme, trois barrages filtrants ont perturbé l'accès à la centrale du Tricastin, où la production était ralentie.
A Grenoble, des manifestants réunis par l'appel "on bloque tout" ont paralysé des points d'entrée de la ville, où les transports en commun étaient très perturbés.
SUD-EST
A Marseille, un rassemblement s'est tenu dans la zone portuaire de la Joliette derrière une banderole "Marseille insoumise".
A Fos-sur-mer, un automobiliste a forcé un barrage de la CGT, faisant un blessé grave selon la police. La victime a été prise en charge par les pompiers, son pronostic vital n'est pas engagé.
Selon la préfecture de l'Hérault, 2.000 manifestants ont défilé à Montpellier, 500 à Béziers et 250 à Sète; le double selon les organisateurs dans les trois villes.
En Corse, les deux principaux dépôts pétroliers ont été bloqués selon la CGT, une première depuis le début du mouvement.
Avec l'AFP