
Plusieurs centaines d'éleveurs en colère ont installé mardi des barrages filtrants sur deux importants noeuds de circulation en Lorraine, entraînant notamment en milieu de matinée une paralysie de l'autoroute A31 reliant Metz au Luxembourg; ceci, quelques heures avant une réunion de ministres et de banquiers à Paris sur la mise en oeuvre du plan d'urgence annoncé pour les éleveurs annoncé mercredi dernier.
Ces derniers protestent notamment contre les prix auxquels ils vendent leurs produits et des conditions de marché défavorables. Mardi, la Commission européenne a demandé à la France de garantir la libre circulation des marchandises, entravée ces derniers jours par des actions d'agriculteurs en colère, notamment à la frontière avec l'Allemagne.
A la mi-journée, l'autoroute A31 était entièrement bloquée dans les deux sens au niveau de la Croix de Hauconcourt, point de jonction avec l'autoroute A4, près de Metz, ainsi que le carrefour entre la Route nationale 4 et la A4, près de Phalsbourg, indique la préfecture de Moselle.
Des agriculteurs ont également déversé du fumier devant l'abattoir Charal à Metz, le grossiste Metro et le magsin Cora, également dans cette agglomération, ainsi que devant des établissements de restauration rapide.
Blocages sur l'A31
Mardi, une opération similaire qui a réuni 200 tracteurs, se déroulait aussi sur l'A31 qui relie le Luxembourg à Beaune, au niveau de la Croix de Hauconcourt, point de jonction avec l'A4. Les manifestants contrôlent les camions frigorifiques. Objectif : intercepter les produits étrangers et attirer l'attention des pouvoirs publics sur ce qui constitue à leurs yeux des "distorsions de concurrence" avec les autres pays européens.
"Nous allons contrôler tous les camions frigorifiques, pour repérer la viande d'importation", a précisé à l'AFP Jean-Marc Brême, le président de la Fédération Départementale des Syndicats d'Exploitants Agricoles (FDSEA) de Moselle.
Les marchandises les plus représentatives seront amenées dans l'après-midi aux autorités préfectorales, a précisé à Reuters Gilles Becker, secrétaire général de la FDSEA. Les barrages devraient être levés dans l'après-midi. Entre-temps, les ministres français des Finances de l'Economie et de l'Agriculture, Michel Sapin, Emmanuel Macron et Stéphane Le Foll, devaient réunir en fin de matinée les représentants de banques, dont la Banque publique d'investissement (BPI), et de la médiation du crédit. Objet : la mise en oeuvre du plan d'urgence annoncé mercredi dernier.
Des actions qui commencent à irriter
Ce plan représente un soutien financier annoncé à 600 millions d'euros mais qui pourrait aller jusqu'à 1,1 milliard d'euros pour les éleveurs de bovins et de porcs et les producteurs laitiers, dont la prise en charge d'intérêts d'emprunts, la restructuration des dettes des exploitants les plus en difficulté et 500 millions d'euros de crédits bancaires garantis par la BPI.
Reste que l'annonce de ce plan d'urgence n'a pas mis un terme aux mouvements de protestation paysans, au contraire. Des agriculteurs s'en sont ainsi pris lundi à des camions qui transportaient des produits allemands et espagnols, accusés de concurrence déloyale.
Hier encore, des agriculteurs ont manifesté leur colère devant le siège de Lactalis à Laval (voir la vidéo), l'industriel n°1 du lait.
Ces actions commencent à irriter les éleveurs des autres pays de l'Union européenne, dont les productions sont souvent achetées moins cher que celles de leurs homologues français. La fédération allemande du secteur laitier, la MIV, a ainsi annoncé lundi qu'elle avait écrit à Bruxelles pour demander le soutien de la Commission européenne contre ce qu'elle considère elle-même comme des mesures anti-concurrentielles contre les produits allemands.
A Bruxelles, un porte-parole de la Commission, Daniel Rosario, a déclaré mardi à la presse que l'exécutif européen était en contact avec les autorités françaises. "On les a priées de nous tenir informés des entraves potentielles à la libre circulation des marchandises et de nous notifier les mesures prises pour résorber les entraves", a-t-il précisé.
(Source agences / les echos)