C'est une terre où même les clochers sont symboles de l'histoire ouvrière: en Meurthe-et-Moselle, à Joeuf, l'annonce de la vente d'une église suscite une mobilisation populaire au nom de la défense du patrimoine.
L'église, comme beaucoup d'autres dans l'est de la France, témoin de la révolution industrielle, a été bâtie au début du XXe siècle, en même temps que les quartiers ouvriers et les usines.
Tous les édifices religieux construits après 1905 et la loi de séparation de l'Eglise et de l'Etat sont propriété des diocèses, ce qui représente environ 2.000 églises et chapelles en France. Les 40.000 autres sont majoritairement détenues par les communes.
Très fréquentée au début du siècle dernier, Notre-Dame-de-Franchepré, beau monument de 1.500 places construit par un patron pour ses ouvriers, n'abritait plus de célébrations depuis "plusieurs années", dit à l'AFP le diocèse de Nancy-Toul, ce qui constitue la "motivation principale" de la mise en vente.
Le dernier enterrement qui y ait été célébré, en décembre 2017, était celui d'Aldo Platini, père de Michel. Le footballeur a aussi été enfant de choeur dans l'église, comme en témoignent des photos conservées par le Cercle pour la promotion de l'histoire de Joeuf (CPHJ).
L'église a été désacralisée en juin. "Alors j'ai compris que c'était un nouveau combat qui s'engageait", dit à l'AFP le président du CPHJ Roger Martinois, qui a pour objectif "que l'église ne soit pas vendue à n'importe qui, ne devienne pas n'importe quoi et reste un bâtiment qui représente la mémoire et l'histoire de la commune", sans quoi elle "perdrait son âme".
En moins d'une semaine, une pétition en ligne, lancée par une habitante, Manuela Pastore, a recueilli plus de 800 signatures. "Il y a un vrai élan de toute la ville" de 6.000 habitants, salue-t-elle auprès de l'AFP.
"Ces gens-là, ils sont en demande d'une vraie vie de communauté, d'un besoin de se rassembler, ils ont besoin d'églises pleines", poursuit le diocèse. "Ces grandes églises, elles datent d'une autre époque, avec énormément d'ouvriers dans les mines (...) qui remplissaient facilement nos églises". Elles ne sont "plus adaptées", selon le diocèse. Et le coût d'entretien est très élevé.
Un argument contrecarré par le maire André Corzani : "Moi, je règle la question du déficit, le problème de gestion de l'église, en la reprenant à notre compte", plaide l'élu, qui souhaite que Notre-Dame-de-Franchepré lui soit cédée pour un euro symbolique.
(AFP/maps)