Enregistrements de Nicolas Sarkozy : des documents sonores qui font tâche

Le site internet Atlantico a publié des extraits des enregistrements d'échanges entre Nicolas Sarkozy et ses conseillers, réalisés à leur insu en 2011.
Publié le 05/03/2014 à 08:53
Temps de lecture : 3 min
Enregistrements de Nicolas Sarkozy : des documents sonores qui font tâche

Le « Sarkoleaks ». Voilà quel nom d'une nouvelle affaire qui va faire beaucoup de bruit.

Après des révélations du Canard Enchaîné, c'est le site internet Atlantico qui a publié des extraits sonores des échanges entre Nicolas Sarkozy et ses conseillers, lors d'une réunion en 2011.

L'ancien président de la République avait convoqué ses conseillers le 26 février 2011 à la Lanterne à Versailles pour une réunion consacrée au remaniement gouvernemental.

Une réunion où Nicolas Sarkozy était accompagné de Jean-Michel Goudard, son conseiller en communication, et de Patrick Buisson, autre conseiller controversé.

Ce dernier a notamment été journaliste pour l'hebdomadaire d'extrême-droite Minute, mais il était aussi au cœur de l'affaire des sondages de l'Élysée.

Atlantico a dévoilé quatre extraits de ces conversations.

Il est notamment question d'un changement de Premier ministre. « Remplacer (le Premier ministre François) Fillon par (Jean-Louis) Borloo, c'est grotesque », déclare Nicolas Sarkozy, dans un des extraits.

« Y'a qu'une seule personne qui pourrait remplacer Fillon aujourd'hui, c'est Copé. Je m'entends très bien avec Alain... Même si Fillon n'est pas décevant, il est comme on le sait », entend-on de la part de l'ancien chef de l'État.

D'autres extraits mettent en lumière des conversations entre Goudard et Buisson, qui s'inquiètent de l'arrivée de Claude Guéant à l'Intérieur.

« Tu vois l’avantage de Guéant, la depuis 3 mois, c’est qu’il connaissait un petit peu les dossiers, notamment pour les affaires auprès du parquet. Il se mouillait un petit peu », lâche Buisson. « Ben ça l’intéresse quand même directement parce que... l’Elysée c’était lui à cette époque-là », rétorque Goudard.

On entend aussi Patrick Buisson se plaindre à propos du remaniement de ne pas avoir « réussi à entraîner la tête » du ministre de la Justice Michel Mercier, qu'il qualifie de « totalement calamiteux ».

L'avocat de Patrick Buisson défend son client en expliquant « qu'en tant qu'intervenant essentiel de ces réunions " il " ne pouvait prendre des notes écrites et utilisait ces enregistrements pour préparer la réunion suivante. Les enregistrements étaient détruits au fur et à mesure sauf manifestement quelques-uns qui lui ont été dérobés et dont il est fait présentement un usage extravagant et pervers », a affirmé Me Gilles-William Goldnadel.

Les réactions tombent les unes après les autres sur cette affaire. Pour Jean-Pierre Raffarin, ancien Premier ministre, « il y a de quoi tomber de sa chaise ».

« Écouter quelqu'un à son insu, c'est d'une extrême violence. Ca veut dire qu'il n'y a pas de relation de confiance, que vous préparez des mauvais coups », s'est exclamé Jean-Pierre Raffarin.

Plus généralement, c'est l'ensemble de l'UMP qui s'est indigné de ce genres de pratiques. Michel Mercier parle lui de « basse cuisine ».