Attentats : les annonces de François Hollande devant le Congrès

Le chef de l'état a choisi de s'exprimer pour la première fois devant le Congrès à Versailles hier après midi pour exposer sa riposte après les attentats les plus meurtriers jamais commis en France.
Publié le 17/11/2015 à 09:19
Temps de lecture : 5 min
Attentats : les annonces de François Hollande devant le Congrès

(Le Parisien) François Hollande a choisi de s'exprimer pour la première fois lundi après-midi devant le Congrès à Versailles (Yvelines) pour exposer sa riposte après les attentats les plus meurtriers jamais commis en France.

Les annonces de son allocution

Etat d'urgence prolongé. «J'ai décidé que le Parlement serait saisi dès mercredi d'un projet de loi prolongeant l'état d'urgence pour trois mois en adoptant son contenu à l'évolution des technologies et des menaces», a déclaré le président de la République, qui a «invité» les parlementaires à «le voter d'ici la fin de la semaine».

«La loi du 3 avril 1955 relative à l'état d'urgence prévoit en particulier deux mesures exceptionnelles, l'assignation à résidence et les perquisitions administratives, qui offrent des moyens utiles pour prévenir la commission de nouveaux actes terroristes. Je veux leur donner immédiatement toute leur portée et les consolider. Il sera donc proposé au Parlement d'adopter un régime juridique complet pour chacune de ces dispositions», a développé François Hollande, qui a décrété l'état d'urgence dans les heures suivant les attentats de vendredi

Révision de la Constitution. Le président de la Républqiue a exprimé son souhait de «faire évoluer (la) Constitution pour permettre aux pouvoirs publics d'agir, conformément à l'état de droit, contre le terrorisme de guerre». Selon le président, l'article 16, qui régit les conditions d'attribution des pouvoirs exceptionnels au président, et l'article 36, qui porte sur l'état de siège, ne sont «pas adaptés à la situation que nous rencontrons». La Constitution doit, selon lui, offrir un «outil approprié pour fonder la prise de mesures exceptionnelles pour une certaine durée sans recourir à l'état d'urgence et sans compromettre l'exercice des libertés publiques».
Selon une source gouvernementale, l'exécutif va donc soumettre au Parlement une révision de la Constitution pour créer «un régime civil d'état de crise permettant de mettre en œuvre des mesures exceptionnelles, n'apportant à l'exercice des libertés publiques que les restrictions strictement nécessaires à la garantie de la sécurité nationale». «Ces mesures doivent être adaptées aux caractéristiques particulières de la menace terroriste, en particulier à sa durée» et «pourront aller au-delà de ce que prévoit actuellement la loi de 1955» sur l'état d'urgence.

Rencontre au sommet

Une rencontre avec Obama et Poutine. François Hollande a également déclaré qu’il allait «rencontrer dans les prochains jours, le Président Barack Obama à Washington, puis à Moscou le Président Vladimir Poutine», «pour que nous unissions nos forces pour atteindre un résultat qui n’a que trop tardé». Le chef d’Etat français a aussi annoncé «un rassemblement de ceux qui peuvent lutter contre cette armée terroriste dans le cadre d’une grande coalition». «Nous y travaillons», a-t-il indiqué, sans plus de précisions.
Intensification des opérations en Syrie.
Le chef de l'Etat a annoncé que la France allait «intensifier ses opérations en Syrie», après des raids intervenus dimanche soir sur le fief du groupe Etat islamique (EI) à Raqa. D'ici une réunion prochaine du Conseil de sécurité de l'ONU sur le terrorisme, «nous poursuivrons ces frappes au cours des semaines à venir». «Le porte-avions Charles de Gaulle appareillera jeudi, pour se rendre en Méditerranée orientale, ce qui triplera nos capacités d'action. Il n'y aura aucun répit ni aucune trêve», a-t-il martelé. «Hier soir (dimanche soir. ndlr), j'ai donné l'ordre à dix chasseurs-bombardiers français de larguer leurs bombes sur le fief de Daech à Raqa, ils ont détruit un centre de commandement et un camp d'entraînement», a-t-il rappelé. François Hollande a adressé «toutes ses félicitations aux pilotes français, qui ont réussi cette mission», et a remercié «nos alliés américains, qui ont utilement prêté leur concours à cette opération.»

Renforcement police-justice

Le président de la République a annoncé la création de 5 000 emplois dans la police et la gendarmerie d’ici deux ans, soit un total de 10 000 créations durant le quinquennat. La justice disposera de son côté de 2 500 postes supplémentaires pour l’administration pénitentiaire, ainsi que pour les services judiciaires, et les douanes de 1 000 postes de plus.
« Ces créations bénéficieront aux services de lutte contre le terrorisme, à la police aux frontières et à la sécurisation générale du pays. Elles s'accompagneront des moyens d'équipement et d'investissement nécessaires à l'accomplissement des missions de ces forces », a déclaré François Hollande.

Plus de moyens pour la Défense

Le chef d’Etat Français envisage aussi la création d’une « garde nationale » formée de réservistes : « Les réservistes sont un élément fort du lien entre l’armée et la nation. » Il a aussi annoncé « qu’il n’y aurait aucune réduction d’effectifs dans la Défense jusqu’en en 2019. » « Ces décisions budgétaires se traduiront par un surcroît de dépenses que j’assume », a indiqué le président. « Dans ces circonstances, je considère que le pacte de sécurité l'emporte sur le pacte de stabilité. »