Pour la première fois dans l'histoire de la Ve République, un ancien chef de l'Etat est en garde à vue.
C'est sous ce régime que Nicolas Sarkozy est interrogé depuis ce matin. Nicolas Sarkozy avait été convoqué à Nanterre, au siège de l'office central de lutte contre la corruption les infractions financières et fiscales de la direction centrale de la police judiciaire.
Hier déjà, deux avocats généraux près la Cour de Cassation et le défenseur de Nicolas Sarkozy, Me Thierry Herzog, ont été placés en garde à vue dans le cadre d'une affaire de trafic d'influence.
Le premier magistrat, Gilbert Azibert, a été interpellé à l'aube à son domicile bordelais et transféré à Nanterre dans les Hauts-de-Seine dans les locaux de l'Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales. Un second avocat général près la Cour de Cassation, Patrick Sassoust, a été interpellé lui aussi à Bordeaux et transféré à l'OCLCIFF, selon la police.
2007 dans le viseur
Une information judiciaire a été ouverte le 26 février pour trafic d'influence et violation du secret de l'instruction, sur la base d'écoutes téléphoniques ciblant Nicolas Sarkozy et dont des extraits ont été publiés par Mediapart.
La justice a placé deux téléphones utilisés par l'ex-chef de l'Etat sur écoute en septembre 2013 dans le cadre d'une enquête sur des accusations de financement libyen de sa campagne électorale en 2007. Maître Herzog a été écouté de manière incidente lors de conversations avec lui, selon le parquet. Ces interceptions auraient révélé que les deux hommes étaient bien renseignés sur la procédure alors en cours à la Cour de Cassation, sur l'affaire des soupçons d'abus de faiblesse aux dépens de la milliardaire Liliane Bettencourt.
Les juges soupçonnent Nicolas Sarkozy d'avoir cherché à faciliter la promotion à Monaco de Gilbert Azibert en échange de renseignements sur l'examen du dossier et d'avoir tenté de peser sur le cours de la justice.
Affaire Bettencourt
Ces écoutes avaient pour but de savoir si Nicolas Sarkozy ou ses anciens lieutenants échangeaient des informations compromettantes sur le dossier libyen. Mais à la surprise des enquêteurs, c'est sur l'affaire Bettencourt que l'ancien chef de l'État bénéficie d'indiscrétions. Des conversations entre Nicolas Sarkozy et son avocat Thierry Herzog révèle que l'ancien président reçoit des informations d'un magistrat haut placé, identifié comme étant Gilbert Azibert.
L'ex-président s'inquiétait notamment du résultat d'un pourvoi en cassation pour récupérer des agendas saisis par la justice dans le cadre de l'affaire Bettencourt.
Garde à vue pour minimum 24 heures
La police judiciaire va pouvoir entendre Nicolas Sarkozy pendant une durée pouvant aller jusqu'à 24 heures, éventuellement renouvelable une fois.
Cette mesure intervient au moment où les rumeurs se font de plus en plus précises sur la volonté de Nicolas Sarkozy de renouer officiellement avec la vie politique et de prendre la tête de l'UMP.