Double infanticide de Drouville (54) : la mère jugée jusqu'à vendredi

Une mère est jugée pour avoir étouffé ses deux enfants, le 15 février 2022, sur fond de crise conjugale.
Publié le 09/12/2024 à 08:59
Temps de lecture : 4 min
Accusée d’avoir tué ses deux enfants en 2022 à Drouville, en Meurthe-et-Moselle, une femme de 37 ans sera jugée à partir de lundi par la Cour d’assises, à Nancy. 

Le 15 février 2022 à 20h, la mère de famille est interpellée au volant de sa voiture. Sur le siège passager, à côté d’elle, les agents de police découvrent les corps sans vie des deux petites filles, âgées de 9 mois et 2 ans et demi. L’accusée était allée les chercher à la garderie à 13h30, alors que son compagnon était parti en début d’après-midi déposer plainte contre elle.

La trentenaire est en effet aussi accusée de violence avec arme sur son compagnon: avant d’ôter la vie à ses deux enfants, elle avait tenté de l’assommer avec un marteau, après qu’il lui eut annoncé son intention de quitter le domicile familial pour la nuit. L’homme avait décidé quelques jours auparavant de se séparer et avait mentionné la possibilité de saisir un juge aux affaires familiales en raison de l’alcoolisme dans lequel sa compagne semblait avoir sombré depuis l’été.

 En garde à vue, elle avoue les faits, expliquant le meurtre de ses enfants par sa volonté de se suicider et son incapacité de les abandonner. Des courriers adressés à son compagnon, retrouvés dans la voiture où elle a étouffé sa fille de deux ans et demi de ses propres mains et son bébé de neuf mois alors qu’elle lui donnait le sein, semblent accréditer la thèse d’un acte ayant pour but de nuire à son compagnon, ce qu’elle n’a ni confirmé ni infirmé.

La mère de famille accusait son compagnon de «tromperie» et de «destruction de la famille». Lorsqu’elle a émis le souhait de le priver de ses enfants, elle concluait: «Ainsi, tu seras libre».

L’accusée, née à Lisbonne en 1987 et diplômée d’un doctorat en sciences, avait travaillé en tant que chercheuse à l’Université de Lorraine jusqu’à l’été 2021. C’est aussi à cet endroit qu’elle avait rencontré son compagnon. Elle était décrite par sa bellef-amille comme une «mère parfaite», «prête à tout pour ses enfants». D’autres témoins ont décrit «une famille normale», des parents «présents et investis dans la vie de leurs enfants».

Ces derniers étaient qualifiés de «souriants, heureux de vivre et en bon développement». Le couple évoluait néanmoins dans un «climat de jalousie et de paranoïa permanent», selon l’ordonnance de mise en accusation, dont l’AFP a eu connaissance. L’accusée avait découvert, durant sa première grossesse, l’infidélité de son compagnon dont elle semblait ne pas s’être remise. Il est fait état de disputes régulières sur fond de suspicions d’infidélité et d’alcool, avec des violences verbales et physiques réciproques.

Décrite par les psychiatres comme une «personnalité borderline», «de type abandonnique» et «affectivement dépendante», l’accusée avait déjà effectué plusieurs séjours en psychiatrie. Elle avait des tendances suicidaires et semblait, quelques mois avant les faits déjà, déprimée. Elle ne sortait plus de chez elle, commençant à boire dès le matin. Des antidépresseurs lui avaient été prescrits le 4 février 2022, mais elle avait refusé de les prendre en raison de l’allaitement de son bébé. Le verdict est attendu vendredi.

(AFP)