
C'est un trafic qui risque de mettre en danger la sécurité de nombreux automobilistes. Le Parisien révèle mercredi que les gendarmes ont mis au jour une vaste escroquerie, en Île-de-France, qui consistait à revendre des voitures accidentées, potentiellement impropres à la circulation, maquillées en simple véhicules d'occasion. Près de 5000 véhicules ont ainsi été anormalement remis sur le marché. Onze personnes doivent comparaître le 3 août prochain devant le tribunal correctionnel d'Evry pour travail dissimulé et escroquerie en bande organisée.
L'arnaque concernait les véhicules gravement endommagés (VGE). Une voiture est considérée comme VGE lorsque, à la suite d'un accident, les forces de l'ordre ou un expert constatent qu'elle est dangereuse pour la circulation. Ceci car la carrosserie, le châssis, la direction ou des éléments de sécurité tels que les ceintures et coussins gonflables ont subi d'importantes déformations ou détériorations. Le montant des réparations nécessaire est alors évalué. Si ce dernier est supérieur à la valeur de la voiture, cette dernière est envoyée à la casse et revendue en pièces détachées. Si les opérations pour remettre le véhicule en état sont correctement effectuées, un expert émet un second rapport pour attester qu'il est en état de rouler.
Rapports de complaisance
C'est ici que se glisse la combine des escrocs. Pendant au moins trois ans, trois experts ont rédigé des rapports permettant la remise en circulation de véhicules sans les avoir examinés. Quinze garages seraient également impliqués dans le trafic, dans l'Essonne, les Yvelines et le Loiret. Selon une source proche de l'enquête citée par Le Parisien, «on s'aperçoit notamment [que les experts] ont délivré une majorité de certificat de complaisance, liés à la remise en circulation de véhicules VGE. L'un d'entre eux déclarait des expertises aux quatre coins de l'Île-de-France qu'il n'aurait jamais pu mener dans la même journée. Tout ça pour arrondir leur fin de mois.» Les trois hommes touchaient près de 8000 euros par mois.
Ces voitures potentiellement dangereuses étaient ensuite mises en vente dans des garages ou sur le site de vente d'occasion Leboncoin. La justice a transmis la liste des 5014 véhicules concernés par ces fausses expertises au ministère des Transports. Ce dernier va devoir contacter les malheureux propriétaires qui ne sont pas au bout de leur peine: il faudra établir de nouveaux certificats pour vérifier que leur voiture est bien en état de rouler ou pas.
(Le Figaro)