
Apparemment c’est une catastrophe majeur que vient d’éviter la France. Réda Kriket, qui était en garde à vue depuis 6 jours a été mis en examen et déféré hier en vue d'une éventuelle mise en examen par un juge antiterroriste.
Une perquisition a été réalisée dans l’appartement
« conspiratif » d’Argenteuil et les découvertes des enquêteurs font froid dans le dos :
- "Trois bouteilles d'eau oxygénée, de l'acétone, un Tupperware contenant 105 g de TATP, deux bidons de 10 et 15 litres contenant de l'acide, des doseurs", a détaillé le procureur François Molins. "Six fioles de glycérine acide et 1,3 kg d'explosifs industriel" et quatre cartons contenant "des milliers de billes d'acier".
- Des "éléments électriques" pour la confection de détonateurs, dont "un détonateur à seringue rempli de poudre avec alimentation électrique prêt à l'emploi".
- "Cinq fusils d'assaut kalachnikov et leurs chargeurs, un pistolet mitrailleur d'origine croate (...), sept armes de poings" et de "très nombreuses munitions".
- "Cinq passeports français volés", "sept téléphones neufs", "deux ordinateurs", avec "de la documentation en lien avec des groupes djihadistes et des informations concernant la fabrication artisanale de produits explosifs".
Il avait été arrêté jeudi à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine), deux jours après les attentats de Bruxelles et moins d'une semaine après l'arrestation par la police belge de Salah Abdeslam, suspect clé des attentats de Paris le 13 novembre. Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve avait annoncé la mise "en échec (d')un projet d'attentat en France conduit à un stade avancé", sans donner de détails.
- Des liens avec Abaaoud -
Depuis lundi, Reda Kriket a exercé son droit au silence et n'a plus répondu aux questions des enquêteurs. Condamné à de multiples reprises en France pour des faits de violences ou de vol, notamment à cinq ans de prison au tribunal de Nanterre en 2005 pour sa participation à une expédition punitive, il n'est pas non plus un inconnu des services antiterroristes.
Il a été condamné en son absence en juillet 2015 en Belgique au procès d'une filière jihadiste vers la Syrie, dont l'un des principaux prévenus était Abdelhamid Abaaoud, figure des jihadistes francophones de l'EI et l'un des organisateurs présumés des attentats de Paris le 13 novembre, tué quelques jours après dans une opération policière.
L'enquête sur le projet d'attentat s'est déplacée en Belgique et surtout aux Pays-Bas, où un autre suspect, Anis B., 32 ans, visé par un mandat d'arrêt de la justice française, a été arrêté dimanche à Rotterdam. Pendant les perquisitions, ont été retrouvés pas moins de 45 kg de munitions de calibre 7,62, du type de celles utilisées avec des kalachnikovs, selon des sources policière et proche de l'enquête. Anis B. s'est opposé à sa remise à la France, une procédure qui peut prendre un maximum théorique de 90 jours.
En Belgique, deux hommes, Abderrahmane Ameuroud et Rabah N., arrêtés vendredi à Bruxelles, ont été inculpés et placés en détention provisoire. Les enquêteurs étudient leurs liens avec Reda Kriket mais, à ce stade, la justice française n'a pas délivré de mandat d'arrêt à leur encontre.
Abderrahmane Ameuroud avait déjà été condamné à Paris en 2005 au procès d'un réseau accusé d'avoir apporté un soutien logistique au départ en Afghanistan des assassins du commandant Massoud, tué le 9 septembre 2001, deux jours avant les attentats contre le World Trade Center à New York.
Même si des liens ont été établis entre Reda Kriket et Abdelhamid Abaaoud, jugés au même procès en juillet 2015, l'enquête sur le projet d'attentat est une procédure distincte de celles sur les attentats de Bruxelles, qui ont fait 32 morts le 22 mars, et sur les attentats de Paris, qui ont fait 130 morts le 13 novembre.
Avec l'AFP
Crédit photo : France 3