
Neuf élus de la Fifa et cinq partenaires de l'instance mondiale du football ont été inculpés de corruption, racket et blanchiment à New York et accusés d'avoir reçu ou distribué plus de 150 millions de dollars depuis 1991, pour les droits d'organisation et de diffusion des coupes du monde. Tous risquent jusqu'à 20 ans de prison.
A noter que la ministre de la justice américaine a ajouté que la prochaine étape dans ce dossier était une demande d'extradition des accusés vers les États-Unis pour y être jugés, mais six des responsables interpellés hier ont déjà annoncé leur oppostion à leur extradition vers les États-Unis.
Dans le même temps, 11 autres membre de la FIFA ont été suspendus dont Jeffrey Webb, vice-président de l'organisation internationale et président de la Concacaf.
La taupe : Chuck Blazer
L'imposant Chuck Blazer, 70 ans et qui souffrirait d'un cancer du colon, n'est plus la figure incontournable du football qu'il a été depuis qu'il a plaidé coupable, en novembre 2013, d'une longue série d'accusations par la justice américaine: racket, virements frauduleux, blanchiment d'argent, évasion fiscale, et échec à remplir un dossier sur ses comptes à l'étranger (FBAR).
L'ancien secrétaire général de la Concacaf (Confédération d'Amérique du nord, centrale et Caraïbes) et ancien membre de la commission de la Fifa, deux institutions aujourd'hui dans le collimateur de la justice avec 14 inculpations pour corruption annoncées mercredi, risque jusqu'à 10 ans de prison pour l'accusation du FBAR, et 5 ans pour l'évasion fiscale, selon la justice américaine.
La police américaine a profité de ses ennuis judiciaires, et notamment du défaut de paiement de l'impôt sur le revenu alors qu'il gagnait des millions de dollars lorsqu'il se pavanait encore avec les stars du football, pour le convaincre de coopérer à son enquête. Chuck Blazer serait alors devenu l'indic du FBI et des impôts américains (IRS) pour compromettre le microcosme des décideurs corrompus du football mondial.
Il aurait par exemple dissimulé un petit micro dans un porte-clés pour enregistrer à leur insu "un défilé de figures internationales" du sport le plus populaire au monde.
Une autre procédure s'intéresse aujourd'hui aux prochaines Coupes du monde prévues en Russie et au Qatar
Cette procédure pénale est ouverte depuis le 10 mars, mais n'avait pas été révélée publiquement. Elle a été initiée par la Fifa elle-même. L'instance, "partie lésée" selon elle, a porté plainte le 18 novembre 2014 auprès du ministère public suisse en raison de "soupçons" semblant "peser sur des transferts internationaux de patrimoine avec comme point de contact la Suisse", dans le cadre de l'attribution des Coupes du monde 2018 et 2022.
Sepp Blatter est-il menacé?
L'élection de vendredi pour la présidence de la Fifa n'est pas remise en cause. Joseph Blatter, 79 ans, brigue un cinquième mandat face au prince Ali, son seul concurrent. Et, même si la Fifa a impulsé une des procédures judiciaires qui la tourmente aujourd'hui, le vote sera marqué par ces affaires.
Les candidats sont soumis au choix des 209 fédérations. Lors de la dernière élection, Sepp Blatter avait déjà promis d'être un grand réformateur: il lui faudra donc promettre plus ces prochains jours. Le Jordanien pourrait profiter des derniers évènements, puisqu'il a basé toute sa campagne sur l'intégrité à restaurer à la Fifa, mais l'électorat de la Fifa étant majoritairement conservateur, il pourrait réélire Blatter par réflexe face au chaos. L'Afrique, qui représente 54 voix, a d'ailleurs maintenu mercredi son soutien au président en exercice.
Luis Figo monte au créneau
Une voix s'est élevée hier soir après ce que l'on appelle désormais le "Fifagate" : il s'agit de celle de l'ancien joueur portugais Luis Figo qui a appelé la Fifa à un report de l'élection pour la présidence prévue demain.
Une éléction qui devrait voir Sepp Blater, président actuel, briguer, sans surpise, un 5ème mandat.