Colmar : 2 ans de prison avec sursis pour le septuagénaire pour avoir tué son épouse

L'homme de 73 ans était jugé à Colmar pour avoir donné la mort à sa femme, atteinte depuis 10 ans de la maladie d'Alzheimer. L'affaire a mis en lumière la souffrance des aidants face à la maladie.
Publié le 21/10/2016 à 08:12
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Colmar : 2 ans de prison avec sursis pour le septuagénaire pour avoir tué son épouse

Le septuagénaire a été reconnu coupable d'avoir tué son épouse atteinte de la maladie d'Alzheimer, en lui administrant des somnifères.

Les faits remontent à Janvier 2014. José de Albuquerque, retraité d'origine portugaise de 73 ans, a été reconnu coupable hier pour avoir donné la mort à son épouse, Arminda, 70 ans, qui souffrait d'Alzheimer depuis plus de 10 ans.

La Cour n'a pas retenu la préméditation de l'accusé qui répondait d'assassinat, crime passible de la réclusion criminelle à perpétuité. Le parquet avait requis quatre ans d'emprisonnement et la Cour a pris en compte une altération du discernement du septuagénaire qui, dans la nuit du 15 au 16 janvier 2014, avait fait avaler à dose létale des somnifères à son épouse grabataire.

L'accusé assumait auprès de son épouse le rôle d'aidant familial, avec l'aide de deux infirmières et d'auxiliaires de vie.

Il était marié avec Arminda depuis 50 ans mais, au moment des faits, celle-ci ne parlait plus depuis cinq ans et ne quittait plus son lit depuis deux ans.

A l'annonce du verdict, le septuagénaire, qui comparaissait libre, a fondu en larmes. Aucun de ses cinq enfants ne s'était porté partie civile au procès.

- La souffrance de l'aidant mis en lumière -

Le magistrat a souligné le caractère tragique de cette affaire, qui mettait en lumière la souffrance des aidants, et leur difficulté dans l'accompagnement des malades d'Alzheimer.

"Le fait de garder constamment sa femme avec lui, cela ne pouvait pas bien finir. On est sur une tragédie, sur quelque chose qui devait arriver", a estimé le procureur, qui a retenu une "intention de donner la mort" chez l'accusé.

"Une société se juge au sort qu'elle réserve aux vieillards", a rappelé le procureur. "Je ne vais pas vous demander de mettre M. de Albuquerque en prison", a dit le magistrat.

L'avocat de la défense a mis en avant le sacrifice de son client. José de Albuquerque a passé "les 10 ou 11 dernières années de sa vie à s'occuper de son épouse" et "le mode d'administration traduit une forme de compassion", a souligné Me Gross. José de Albuquerque n'a pas mis "un coussin sur la tête (de son épouse), il n'y a pas d'atteinte au corps".

Les somnifères, c'est "la manière douce, elle s'endort et elle part", a dit l'avocat, plaidant pour une peine de deux ans avec sursis, la peine minimum prévue par le Code pénal.

A la sortie de l'audience, une des filles du vieil homme, Alice, 44 ans, qui travaille elle-même dans une maison de retraite, s'est dite "soulagée". "Je ne cautionne pas ce qu'il a fait, mais je comprends. Pour les aidants c'est très difficile, c'est fatigant, nerveusement, physiquement", a souligné cette femme qui souhaite que son père "pense à lui" et que ce procès "puisse servir d'exemple".

"La Cour a pris en considération la dimension humaine de cette affaire", a estimé Me Gross.

Avec l'AFP