Un accord aurait été trouvé entre le pouvoir ukrainien et les opposants hier dans la soirée.
Même si Laurent Fabius, le ministre français des Affaires étrangères et médiateur entre les deux parties, préfère tempérer, Viktor Ianoukovitch a annoncé que le compromis sera signé dans la journée.
Selon des diplomates européens, l'accord qui doit être signé n'est que « temporaire ». Il s'agirait d'un projet d'accord.
Le compromis prévoirait une élection présidentielle anticipée et une réforme constitutionnelle.
Le Kyiv Post, quotidien local, précise même que ce compromis prévoirait un retour à la Constitution de 2004, celle qui avait suivi la Révolution orange, et un changement de gouvernement sous 10 jours.
Toutefois, les dirigeants européens restent méfiants quant à l'engagement du pouvoir actuel à tenir ses promesses. « Les engagements tenus par l'administration ukrainienne sont rarement tenus », a déclaré Donal Tusk, le Premier ministre polonais.
L'ombre russe plane sur Kiev
Les ministres des Affaires étrangères étaient réunis ce jeudi à Bruxelles. Ils ont acté le gel des visas et des avoirs de responsables ukrainiens.
Du côté du Kremlin, on fustige l'ingérence de l'UE, qui voit d'un très mauvais œil ces sanctions. Sergueï Lavrov a comparé les actes de l'Union a « du chantage ».
Pourtant, l'allié russe met aussi la pression sur le pouvoir ukrainien en place.
Le Premier ministre russe, Dmitri Medvedev, demande à Ianoukovitch de s'affirmer face aux opposants. « Pour que notre coopération se poursuivre […], il faut que le pouvoir en place soit légitime et efficace, et que l'on ne s'essuie pas les pieds dessus comme une serpillière ».
Une aide russe de 15 milliards aurait dû être versée lundi dernier. Il s'agissait de la deuxième tranche du plan d'aide offert par la Russie. Sans cet argent, l'Ukraine s'embourbe encore un peu plus vers la faillite.
D'ailleurs, l'agence de notation Standard & Poor's a abaissé la note de solvabilité du pays à CCC, ce qui correspond à un pays proche du défaut de paiement.
Un calme précaire sur la place Maïdan
Ce matin, et ce malgré les échanges de balles qui se sont poursuivis pendant la nuit, la place Maïdan restait calme.
L'hôpital d'urgence n'a pas recensé de nouveaux décès depuis jeudi soir. Les heurts de la veille auraient fait, selon les équipes médicales, au moins 100 morts.
Tôt dans la matinée, les opposants, persuadés d'être dans le viseurs de certains snipers, sont partis traquer les tireurs d'élite.
Depuis ce matin, ils avancent également vers le Parlement.
La police de Kiev accuse les opposants d'avoir ouvert le feu sur ses hommes et de « tenter une percée en direction de l’enceinte du Parlement ». Le ministère de l'Intérieur ukrainien dénonce une violation de la trêve par les manifestants.