Le premier ministre espagnol Mariano Rajoy agressé lors d’un bain de foule

Le chef du gouvernement espagnol Mariano Rajoy s'est pris un violent coup de poing au visage mercredi lors d'un déplacement à Pontevedra.
Publié le 17/12/2015 à 09:43
Temps de lecture : 4 min
Le premier ministre espagnol Mariano Rajoy agressé lors d’un bain de foule

Mariano Rajoy s’offrait un bain de foule à Pontevedra, la ville de Galice où il a commencé sa carrière politique il y a trente-quatre ans, mercredi 16 décembre, quand un jeune homme s’est approché de lui, apparemment pour demander un selfie au président du gouvernement espagnol. Soudain, le mineur de 17 ans assène un violent coup de poing au visage du chef de file du Parti populaire (PP, droite), lui fait perdre l’équilibre, et envoie dans les airs ses lunettes qui se brisent sur le sol. Rapidement maîtrisé par les forces de sécurité, le jeune homme, supporteur du club de football local, qui se présente comme antifasciste sur Twitter, est arrêté par la police. Il clame qu’il est « très content de l’avoir fait ».

Lorsqu’il sort du lieu de l’agression pour être conduit au commissariat, quelques passants l’applaudissent. Mariano Rajoy, la joue tuméfiée, rougie par le coup, rassure rapidement la presse. « Je vais parfaitement bien. Aucun problème », dit-il avant de rejoindre la caravane du PP et poursuivre la campagne à La Corogne pour un grand meeting où il reçoit une standing ovation.
A trois jours des élections législatives, qui se tiendront le 20 décembre, lors desquelles Mariano Rajoy est candidat à sa réélection, cette agression a été unanimement condamnée par les partis politiques.

Des enjeux « historiques »

Le secrétaire général du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE), Pedro Sanchez, a interrompu brièvement un meeting pour informer le public de l’agression et envoyé, « au nom des socialistes et en mon nom, ma solidarité. Nous condamnons l’agression ». Le jeune parti de la gauche alternative Podemos a indiqué sur Twitter que « la violence n’a pas sa place dans une démocratie » et Pablo Iglesias, son chef de file, a envoyé un message personnel à Mariano Rajoy pour demander de ses nouvelles, tout comme Albert Rivera, le chef de file du parti centriste Ciudadanos.

Après la violence verbale inédite du débat qui a opposé Mariano Rajoy et Pedro Sanchez, lundi 14 décembre, autour du sujet de la corruption au sein du PP, ce coup de poing s’inscrit dans une campagne politique certes tendue, mais jusqu’à présent sans incident notable.

Les enjeux sont « historiques », ne cessent de répéter les deux jeunes partis, Ciudadanos et Podemos, qui espèrent créer la surprise en ravissant la deuxième position sur l’échiquier politique aux socialistes, derrière le PP.

L’impopularité de M. Rajoy

Mariano Rajoy, du fait des scandales de corruption qui touchent le PP, mais aussi des mesures de rigueur impopulaires qu’il a prises durant la crise (coupes budgétaires dans les services publics, hausse des impôts, réforme du travail…), est le chef de parti ayant la cote de popularité la plus basse : 3,3 sur 10 selon le dernier sondage du Centre de recherches sociologiques (CIS).

Le discours de la reprise économique, au centre de la campagne du PP, ne semble pas convaincre les Espagnols, qui souffrent encore d’un taux de chômage de 21,2 % des actifs. Bien que favori des sondages, le PP pourrait perdre 15 points par rapport aux élections de 2011 et ne récolter que 27 % des suffrages. Beaucoup en Espagne l’accusent d’avoir affaibli les services publics, réduit la protection sociale, secouru les banques plutôt que les gens, ou attaqué les libertés publiques…